LOISIRS - UN COLLECTIONNEUR NE VIT QUE PAR LE DÉSIR DE LA PIÈCE SUIVANTE À DÉNICHER. AU PRIX PARFOIS D’UNE LONGUE ATTENTE…
Est Républicain édition du 24 février 2015
CONTRAIREMENT à ce qu’on imaginerait, l’homo collectionnarus n’a pas pour vocation de réunir l’intégralité d’une collection. Quand bien même ce serait possible. Car une fois cette tâche accomplie, une fois tous les timbres espagnols de l’époque républicaine réunis dans un même album, les fèves Disney rassemblées sur une même étagère ou l’intégralité des exemplaires de National Géo entassée dans un même carton, quelle perspective restera donc au collectionneur ? Tout vendre ?
« Mais ce serait dramatique, de tout avoir ! », avance même Marie Seillier, angoissée par le vide sidéral que lui laisserait pareille échéance. « L’intérêt, c’est tout de même la quête… L’objet suivant. » L’objet de tous les désirs, ce Saint Graal que tout bon collectionneur fixe à sa recherche, le temps de le trouver… et puis l’oublie. Ou presque. « Une fois que je l’ai, c’est vrai qu’il peut perdre très vite de sa valeur à mes yeux », poursuit cette collectionneuse de boîtes de bergamotes de Nancy. « Il suffit que j’en trouve un second exemplaire, un peu plus beau, et je peux revendre le 1er une broutille alors que je l’avais acheté à prix d’or… » La quête, on vous dit, la quête !
En sillonnant les travées du salon des collectionneurs organisé ce week-end à Gentilly par l’ALCO, association lorraine de la collection originale, nous avons interrogé quelques-uns des exposants sur ce fameux Saint Graal qui peut monopoliser leurs pensées et leur temps. Jusqu’au jour où ils mettent la main dessus, et aussitôt un autre Saint Graal vient se substituer qui leur semble plus désirable encore ! La collectionnite a de ces symptômes que la raison ignore…
Lysiane GANOUSSE